DIX PAR JOUR
20 millions de morts militaires ou civils… 1 400 000 soldats français tués…. Les chiffres de 1914-18 sont tellement gros qu’ils finissent par ne plus rien vouloir dire… Et c’est finalement à micro échelle que l’hécatombe apparaît dans toute sa réalité. Celle, par exemple, d’un petit pays comme le Rouergue, l’Aveyron… Yves Garric y a tourné un film documentaire, un long métrage, qui vient de sortir et de faire l’objet d’un dvd. Les témoignages recueillis auprès de descendants d’anciens poilus sont bouleversants. Et les images de Georges Berte splendides.
Un dvd indispensable, juge Jérôme Rivet, qui a assisté à l’avant-première du film, dans La Dépêche du Midi (article ci-dessous).
10 soldats morts par jour en Aveyron en 1914-18
Une avant-première empreinte d’émotion hier aux Archives départementales de Rodez pour le film d’Yves Garric (à g.) en présence du préfet de l’Aveyron et du président du conseil général/Photo DDM, Jérôme Rivet
Les larmes d’Yves Garric, réalisateur du film poignant «Dix par jour…» présenté hier en avant-première aux Archives départementales de Rodez, ont témoigné du cœur, de l’implication et de l’engagement du bonhomme dans son superbe «bébé». «J’ai fait ce film pour ma mère Gabrielle qui a perdu son frère Alfred dans ce conflit.»
Un film «de compassion envers ces Poilus qui n’en ont pas eu à l’époque». Un ouvrage indispensable disponible depuis hier dans toutes les librairies et maisons de la presse du Rouergue. Un DVD à voir absolument buy zovirax online.
Pourquoi ? Parce qu’à l’heure de célébrer comme il se doit et pendant quatre ans celle qui devait être la Der des Ders, le peuple d’Aveyron, jeune ou moins jeune, doit se rappeler ad vitam aeternam que cette sale guerre aura saigné une génération à hauteur de 15 000 soldats. Peu au regard du 1,4 million de soldats tués sur ces quatre ans d’horreur et du total effroyable de 20 millions de morts ou disparus sur les champs de bataille de la Grande Guerre.
Mais dans ces 15 000 Rouergats tombés au front, on dénombrait exactement 9 271 paysans, 1 413 commerçants, 1 088 ouvriers d’usine, 761 artisans, 372 compagnons du bâtiment, 291 fonctionnaires, 104 membres du Clergé et 95 instituteurs.
15000 soldats rouergats tombés pour la France
Autant dire que la société aveyronnaise s’en est trouvée bouleversée pour les décennies à suivre. Des petites structures familiales agricoles ont été réduites à néant en raison de la disparition des fils ou pères tués à la guerre. D’autres, rescapés de l’horreur, sont partis chercher fortune à Paris. Bref, l’Aveyron saigné à blanc par cette première guerre mondiale, a été mis à genoux économiquement pendant de longues années.
Conçu avec le partenariat de l’État et du conseil général, ce petit bijou n’a qu’un but : la transmission de la mémoire pour les générations futures. Il devrait être montré prochainement dans les établissements scolaires du département. Ce DVD a l’immense mérite de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais. Un choix délibéré du réalisateur. Aux quatre coins de l’Aveyron, des descendants de Poilus rouergats ont donc livré des pans d’Histoire de façon touchante. Des bribes de mémoire inédites. Yves Garric et son équipe ont certes estimé modestement avoir bénéficié «d’un peu de chance» dans leurs recherches. Ils auront fait preuve de savoir-faire et de tact pour obtenir des témoignages bouleversants. On retiendra ces stèles au cœur du cimetière de Saint-André de Vézines où reposent, à deux pas les uns des autres, trois frères d’une famille et quatre d’une autre tous tués par les balles ou les obus allemands.
«Au fond, cent après, on ne sait toujours pas pourquoi on s’est battus. Qu’est ce qui a déclenché cette boucherie ?», a lâché Yves Garric. Dans le film, nichées entre deux images de monuments aux morts aveyronnais, des paroles attestent de moments de paix entre deux canonnades des artilleries. «Les fantassins allemands et français avaient des gestes de compassion entre eux. Ils échangeaient de l’eau, des pansements.» L’état-major tricolore sera moins compatissant envers 650 fusillés pour l’exemple. Ainsi à Séverac-le-Château, Michel Cabirou se bat toujours pour que le nom de son aïeul soit inscrit en toutes lettres sur le monument aux morts.